Le Khamaré en Islam : Que dit la Médecine Prophétique ?

Publié le 4 Mars 2024 par Trésors d’Afrique – Mis à jour le 28 Février 2025

À une époque où la médecine moderne et les technologies de pointe dominent le domaine de la santé, les savoirs ancestraux et les remèdes naturels restent néanmoins essentiels au bien-être de nombreuses communautés à travers le monde.

Parmi ces trésors de la nature, un en particulier retient l’attention : le khamaré, une plante aux racines profondément ancrées dans les traditions médicinales, notamment en Afrique de l’Ouest. Utilisée depuis des siècles pour ses vertus thérapeutiques, elle suscite aujourd’hui un intérêt croissant en France, en particulier au sein de la communauté musulmane qui s’interroge sur sa place en Islam, son éventuelle mention dans la médecine prophétique ainsi que son nom en arabe.

Mais le khamaré est-il cité dans les textes islamiques ? Quelle est son origine linguistique et que signifie-t-il en langue arabe ?

Cet article explore le khamaré en Islam, à travers le prisme de la médecine prophétique, afin de mieux comprendre comment cette plante, valorisée depuis des générations pour ses bienfaits, s’aligne avec les principes de guérison islamiques enseignés par le Prophète Muhammad ﷺ.

Le khamaré, également connu sous le nom de racines de vétiver, est une plante largement utilisée pour ses vertus médicinales et purifiantes. Présente depuis des générations, elle est consommée sous forme de décoctions ou macérations, notamment pour purifier l’organisme, soulager certains maux et favoriser le bien-être.

À travers le continent, cette plante est connue sous différents noms, reflétant son ancrage culturel et son usage ancestral. On l’appelle ainsi Khamaré au Mali, ou encore Babi et Guiné dans d’autres régions, Ceep au Sénégal, Sodhoré en Guinée, et Gongoli en Côte d’Ivoire.

Botaniquement, le khamaré appartient à la famille des graminées (Poaceae) et est connu sous le nom scientifique Vetiveria Nigritanus, une espèce principalement présente en Afrique de l’Ouest. Il est parfois confondu avec Vetiveria Zizanioides, une variante asiatique plus répandue en Inde et en Asie du Sud-Est, mais qui se distingue par des caractéristiques et des usages différents.

Ses racines, une fois récoltées et séchées, sont traditionnellement utilisées pour leurs bienfaits sur la circulation sanguine, la digestion et la purification du corps. Mais c’est surtout pour son action notable sur le soulagement des douleurs menstruelles, grâce à ses propriétés emménagogues, que les racines khamare sont particulièrement appréciées.

Également, son parfum naturel aux notes boisées et terreuses lui confère également une place dans certaines pratiques de bien-être et de purification, où il est utilisé pour parfumer l’eau du bain, les vêtements ou les espaces de vie.

Le mot « khamaré » n’a pas de traduction littérale en arabe. Pour le désigner, on utilise plutôt son équivalent botanique : le vétiver, qui, en arabe littéraire, est appelé « الفيتيفر » (al-fītīfir) ou « نجيل الهند » (Najīl al-Hind), signifiant « Herbe de l’Inde ». Toutefois, ces termes désignent principalement la plante dans son ensemble, sans faire spécifiquement référence à ses racines.

À l’origine, « khamaré » provient du soninké, une langue parlée au Mali, en Mauritanie et au Sénégal. Et bien que le soninké emprunte certains mots à l’arabe, ce terme n’a pas d’équivalent direct dans cette langue.

Si l’on tente une transcription phonétique, une possibilité en arabe donnerait « الْخَمَارِيّ » (al-khamâryy). Cette méthode est souvent utilisée pour transmettre le son d’un mot d’une langue à une autre, notamment lorsqu’aucun équivalent précis n’existe ou que le terme est spécifique à une culture ou une région.

Cependant, il s’agit ici d’une transcription phonétique et non d’une traduction. Car le mot « الْخَمَارِيّ » (al-khamâryy) pourrait être perçu comme un dérivé de « الخَمْرُ » (al-khamr), qui signifie « vin » ou « boisson alcoolisée » en arabe littéraire. Toutefois, cette ressemblance phonétique ne reflète aucun lien de sens. Mais plutôt d’une similitude sonore, sans rapport avec la signification réelle de « khamaré ».

L’Islam, en tant que religion complète, offre des directives non seulement pour la spiritualité, mais aussi pour la santé et le bien-être, soulignant l’importance d’une approche holistique de la vie.

Concernant ces sujets, les musulmans ont ce qu’il leur suffit dans la médecine prophétique, qui représente l’ensemble des enseignements et pratiques liés à la santé qui ont été authentiquement rapportés du prophète Muhammad ﷺ, qu’ils proviennent du noble Coran ou des ahadiths prophétiques.

Elle englobe les conseils, les recommandations et les directives donnés par le prophète ﷺ sur des sujets variés tels que l’alimentation, l’hygiène, la guérison par les plantes et diverses invocations visant la préservation de la personne et de sa santé.

Cette approche holistique de la médecine cherche non seulement à traiter les maladies physiques, mais aussi à maintenir l’équilibre spirituel, émotionnel et physique de l’individu, en accord avec les principes de l’Islam.

D’emblée, précisons que pour ce qui est de savoir si le khamaré est mentionné explicitement dans les textes islamiques, d’après ce que nous savons, la réponse est non. Par contre, son utilisation médicinale et purificatrice s’aligne parfaitement dans une tradition où les plantes naturelles jouent un rôle clé dans le bien-être du corps et de l’âme.

Et pour cause, dans la médecine prophétique, plusieurs plantes sont reconnues pour leurs vertus purifiantes et curatives, comme le costus indien, la graine de nigelle, le henné, ou encore le sidr (feuilles de jujubier). Le khamaré, par ses bienfaits naturels, s’aligne donc parfaitement avec cette approche holistique de la santé et trouve ainsi sa place parmi les plantes utilisées pour la purification du corps et le bien-être général.

Comme nous le partagions dans l’introduction, les racines de khamaré font partie de ces produits naturels qui se distinguent par leurs nombreuses vertus médicinales lorsqu’elles sont prises en décoction. Parmi elles :

• Le khamaré est reconnu pour ses propriétés apaisantes, en particulier pour soulager les maux de ventre et de tête. Ces bienfaits s’alignent avec l’approche holistique de la médecine prophétique.
• Soulagement des douleurs menstruelles : De nombreuses femmes rapportent que le khamaré apaise les douleurs liées aux règles. En tant que plante carminative, il aide à réduire les crampes et les ballonnements souvent associés aux menstruations. En plus de faciliter l’expulsion du mauvais sang.
• Digestives : La médecine prophétique met l’accent sur la bonne digestion et la purification du corps. Le khamaré, en aidant à améliorer le transit et en soulageant les ballonnements, s’aligne sur cette philosophie.
• Stimulation de l’organisme : Des études ont montré que le khamaré stimule l’organisme, ce qui peut contribuer à une meilleure énergie et vitalité.
• Amélioration de la circulation sanguine : Le khamaré est également connu pour favoriser une bonne circulation sanguine (plante enmménagogue), ce qui est essentiel pour une santé optimale. Il permet par exemple de soulager les sensations de jambes lourdes.
• Antiseptiques : Avec leurs propriétés antiseptiques, les racines de khamare peuvent aider à la récupération post accouchement en facilitant la guérison des probables blessures internes subies.
• Amélioration de la fertilité : La racine de vétiver est traditionnellement utilisée en Afrique, notamment au Sénégal et au Mali, sous forme de décoction, car pour certaines d’entre elles, il pourrait améliorer la fertilité. Cette utilisation pourrait être en accord avec l’importance accordée à la procréation et à la famille en Islam ainsi qu’aux causes permettant d’atteindre cette finalité.

Et ce n’est là qu’un léger aperçu. Pour en savoir plus concernant les bienfaits du khamaré et comment en profiter, nous vous invitons à lire les articles suivants :

– Racines de Khamaré Vétiver : 15 Bienfaits pour les Femmes

– Découvrez les 7 Bienfaits du Khamaré Vétiver pour les HOMMES !

Dans l’Islam, l’importance de sentir bon et d’utiliser des parfums agréables est souvent soulignée, non seulement comme un acte de propreté personnelle, mais aussi comme une expression de respect envers soi-même et les autres.

D’ailleurs, le Prophète Muhammad (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) lui-même valorisait les parfums et encourageait leur usage.

Et cela tombe bien, car l’huile essentielle de vétiver, extraite de ses racines, est particulièrement prisée en aromathérapie pour ses propriétés thérapeutiques et olfactives uniques, et est souvent utilisée comme note de fond dans de nombreux parfums de luxe et produits de soin. Ceci, en raison de sa capacité à fixer les parfums et d’ajouter de la profondeur et de la longévité aux compositions aromatiques.

Concernant ce sujet, le grand savant Ibn al Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde), a écrit un chapitre dans son livre intitulé « L’authentique de la Médecine Prophétique » appelé : La préservation de la santé par le parfum.

Nous avons décidé de vous le partager en raison de sa valeur et des sagesses qu’il y a à en tirer :

La bonne odeur étant une nourriture de l’âme qui est le support des forces, et les forces augmentant avec le parfum, car il est bon pour le cerveau, le cœur, et les autres organes internes, il réjouit le cœur, égaie l’esprit et plaît à l’âme.

Il est la meilleure et la plus compatible des choses pour l’âme, et il existe un lien proche entre lui et la bonne âme.

Le parfum était une des deux choses qu’aimait en ce monde le meilleur des bons, que les éloges et le salut d’Allah soient sur lui.

On rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم ne refusait pas le parfum. (Al bukhari 5929)

Il dit également :

“Celui à qui on offre du parfum, ne doit pas le refuser, car il est de bonne odeur et facile à porter.”

(Muslim 2253)

Abu Hurayra (radiAllah anhu) rapporte que le Messager d’Allah صلى الله عليه وسلم a dit :

“Celui à qui on offre du parfum ne doit pas le refuser, car il est facile à porter et de bonne odeur.”

(Sahih Abu Dawud 4972)

On rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :

« Allah est bon et aime le parfum, propre et aime la propreté, généreux et aime la générosité, munificent et aime la munificence ».

Ibn Abi Shaybah rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم avait un flacon duquel il se parfumait.

Il est authentifié qu’il a dit صلى الله عليه وسلم :

“Allah a un droit sur chaque musulman qu’il se lave tous les sept jours, et s’il a du parfum, il doit en mettre.”

(Sahih Ibn Khuzaymah 1761)

Le parfum a cette propriété d’être aimé par les Anges et de faire fuir les démons, et la chose la plus aimée des démons est l’odeur puante et détestable.

Les bonnes âmes aiment la bonne odeur, alors que les âmes mauvaises aiment la mauvaise odeur, et chaque âme penche vers ce qui lui convient : les mauvaises sont pour les mauvais et les mauvais sont pour les mauvaises.

De même, les bonnes sont pour les bons et les bons sont pour les bonnes.

Même si cela concerne les femmes et les hommes, cela englobe également les actes, paroles, nourritures, boissons, habits et odeurs, en raison de la généralité des termes ou leur signification. (fin de citation – L’authentique de la médecine prophétique, p.217/218 – édition TAWBAH)

Il est aussi rapporté du prophète : « Celui à qui on offre une plante aromatique ne doit pas la repousser, car elle est légère à porter et de bonne odeur « .

Ibn al Qayyim a dit à propos de ce hadith dans un autre chapitre du même livre sur les plantes aromatiques : « Ar Rayhân » (mot que l’on retrouve dans le coran pour plante aromatique) désigne toute plante qui a une odeur agréable, et cela diffère d’un pays à l’autre…

En tant que plante aromatique, le khamaré offre justement plusieurs usages pour profiter de son parfum naturel. Par exemple, vous pouvez parfumer votre intérieur en disposant un bouquet sur la table du salon ou dans votre armoire pour parfumer vos vêtements. Cela fait de lui une bonne alternative aux parfums synthétiques.

Lorsque l’on se tourne du côté de la médecine prophétique, nous apprenons que la guérison ne se limite pas qu’à l’aspect physique.

En effet, comme nous l’avons vu tout au long cet article, elle englobe également une dimension spirituelle, où les parfums jouent un rôle important dans l’éveil et l’élévation de l’âme, facilitant une connexion plus profonde avec le Divin.

Le khamaré, avec ses multiples utilisations, répond parfaitement à ces besoins. Qu’il soit utilisé à des fins médicinales, thérapeutiques ou comme parfum naturel, cette plante s’inscrit pleinement avec les principes qui favorisent le bien-être du corps et de l’esprit dans la tradition prophétique. Une tradition qui, lorsqu’on l’embrasse, nous permet de vivre une vie équilibrée, où le soin du corps et de l’âme se complètent, reflétant ainsi la sagesse intemporelle des enseignements prophétiques.

Et le succès ne peut être atteint si ce n’est dans le suivi du noble messager ﷺ…

Ainsi, nous voici arrivés à la fin de cet article. Nous espérons qu’il vous aura plu et qu’il vous aura appris des choses. Si vous pensez également qu’il peut être utile à des personnes autour de vous n’hésitez surtout pas à leur partager.

Rappelez-vous la parole du prophète ﷺ :

« Celui qui montre un bien a la même récompense que celui qui l’a fait ».

(Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°1893)

Enfin, si vous décelez une quelconque erreur, faites-le-nous savoir.

Si vous souhaitez essayer le khamaré et constater ses bienfaits par vous-même, sachez que chez Trésors d’Afrique nous proposons des racines de khamaré directement de la région de Kayes, située à l’Ouest du Mali.

La particularité de cette région est qu’elle offre un khamaré avec un parfum beaucoup plus marqué que celui des autres régions.

D’autre part, nous sommes en contact direct avec les producteurs locaux. Ce qui nous permet de nous assurer de ce que la qualité que nous vous proposons.

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Nous concernant, nous demandons à Allah le très haut de vous guider et vous préserver de tout mal.

L’équipe de Trésors d’Afrique

1. Suyono, H., & Susanti, D. (2020). « The Medical Benefits of Vetiver Essential Oil. » In Proceedings of the 2nd International Conference on Essential Oils (ICEO 2019), pages 9-12. Disponible sur :https://www.scitepress.org/Papers/2019/99544/99544.pdf
2. Diop, A., Karé, M., Samb, I., & Gaye, M. L. (2023). « Extraction, caractérisation et évaluation de l’activité antioxydante de l’huile de Chrysopogon Nigritanus. » Disponible sur : http://afriquescience.net/PDF/22/3/3.pdf
3. Pareek, A., & Kumar, A. (2013, Octobre-Décembre). « Ethnobotanical and Pharmaceutical Uses of Vetiveria Zizanioides (Linn) Nash: A Medicinal Plant of Rajasthan. » Volume 3, Issue 4. Disponible sur :https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=414fb13a482e2a89a5b02277540f3e79579072da
4. Bhuiyan, M., et al. « ESSENTIAL OIL IN ROOTS OF VETIVERIA ZIZANIOIDES (L.) NASH EX SMALL FROM BANGLADESH. » Disponible sur : ResearchGate
5. Saravana Kumar, S., & Gayathri, K. (2016). « Chemical characterization of vetiveria Zizanioides linn root. » International Journal of Pharmaceutical and Biological Sciences, 7(4), 689-695. DOI: https://doi.org/10.22376/ijpbs.2016.7.4.b689-695

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