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Racines de « Khamaré BIO » : Attention à cette Affirmation !

Publié le 19 Décembre 2023  par Trésors d’Afrique

Où puis-je trouver des racines de khamaré bio ? Voilà une question qui revient de plus en plus…

Et pour cause, cette plante africaine aux nombreuses propriétés médicinales, aussi connues sous les noms de racines de vétiver ou encore gongoli, est de plus en plus convoitée.

Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à voir le nombre de commentaires demandant comment et où s’en procurer.

La réponse est, qu’à ce jour, nous ne connaissons pas de filière ni de coopérative pratiquant la culture de racine de vétiver biologique en Afrique, tout pays confondues.

Il se peut que cette nouvelle déçoive certaines et certains d’entre vous. Cependant, ne partez pas trop vite, car cette question légitime mérite quelques éclaircissements.

En effet, il y a plusieurs raisons expliquant l’absence de filière de khamaré bio en Afrique. Et il peut être très utile de les connaître.

C’est justement le sujet de notre article d’aujourd’hui.

Les défis de l’Agriculture Biologique en Afrique : Le cas du khamaré vétiver

Zoom sur une botte de racines de khamaré bio avant la mise en terre dans un champs en afrique

Botte de racines de khamaré vétiver avant leur mise en terre à la main. Car oui, le khamaré est une plante qui se cultive bien que par la suite, celle-ci se développe très bien toute seule.

Tout d’abord, il faut savoir que les racines de Khamaré vétiver, comme de nombreux produits exotiques africains, proviennent principalement de régions reculées, notamment au Mali, au Sénégal, au Cameroun, au Burkina Faso, ou encore en Côte d’Ivoire.

Ces terres, chargées d’histoires et de traditions, présentent des défis uniques pour l’agriculture biologique, principalement dus à leurs contraintes géographiques et logistiques.

Dans les sections suivantes, nous allons explorer certaines de ces contraintes plus en détail, en soulignant comment elles peuvent expliquer l’absence d’une filière de vétiver biologique sur le continent.

Climat et conditions de croissance

Le Khamaré Vétiver, ou « vetiver roots », se distingue par une remarquable adaptabilité.

Capable de prospérer dans une variété de sols, même les plus arides ou difficiles, cette plante herbacée démontre une robustesse exceptionnelle face aux conditions météorologiques extrêmes et aux maladies.

Cette résistance en fait donc une candidate idéale pour l’agriculture biologique, capable de s’épanouir là où d’autres cultures échoueraient.

Toutefois, il est important de noter que, bien que le khamaré soit exceptionnel à cet égard, l’agriculture biologique exige souvent des conditions de croissance plus spécifiques et délicates.

On peut citer comme exemple le fait d’avoir un besoin d’un climat tempéré ou des sols aux caractéristiques bien définies pour une croissance optimale.

Cette diversité dans les besoins de croissance souligne à la fois la complexité et la richesse de l’agriculture biologique, un domaine où chaque plante, comme le khamaré, apporte une contribution unique.

Ressources limitées

Dés avec les lettre alphabétiques qui sont mis côte à côte pour écrire le mot "Limited" ou "limité" en français

La conversion vers une agriculture biologique implique souvent un besoin accru de ressources spécifiques.

Au cœur de cette transition, se trouve l’utilisation d’engrais naturels, essentiels pour enrichir le sol avec des matières organiques vitales.

Ces engrais jouent d’ailleurs un rôle déterminant sur la santé et la fertilité des sols, permettant ainsi aux cultures de prospérer de manière durable.

En parallèle, l’agriculture biologique exige l’emploi de méthodes de traitement dîtes « propres » pour la protection des cultures et une approche respectueuse de l’environnement. Méthodes qui demandent une expertise et des ressources supplémentaires.

De plus, une gestion méticuleuse et attentive des cultures est indispensable pour préserver l’équilibre écologique et assurer la pérennité des sols.

Face à ces exigences, la limitation des ressources disponibles, notamment dans les régions où l’agriculture bio est encore en développement, pose un défi majeur.

Cette contrainte rend l’implémentation de pratiques agricoles biologiques plus complexe, nécessitant un engagement accru et des solutions innovantes pour surmonter ces obstacles.

Manque d’infrastructures et de connaissances

L’agriculture biologique nécessite aussi des compétences techniques spécifiques, telles que :

  • une compréhension avancée de la rotation des cultures pour maintenir la santé du sol
  • une maîtrise des méthodes de lutte biologique contre les nuisibles
  • une expertise dans l’utilisation d’engrais naturels et de composts
  • ainsi que des compétences en gestion de l’eau pour une irrigation efficace et durable

Si les agriculteurs ou producteurs africains n’ont pas accès à ces connaissances ou aux infrastructures nécessaires, cela peut entraver le développement d’une filière bio.

Dépendance aux habitudes de travail

Également, la transition de l’agriculture conventionnelle vers le bio nécessite souvent des ajustements majeurs dans les pratiques agricoles, souvent ancrées au rythme de méthodes traditionnelles.

En effet, dans certaines régions, il arrive que certains agriculteurs recourent à l’utilisation d’intrants chimiques, tels que des pesticides et autres engrais synthétiques.

En plus d’être néfaste, le risque de contamination des sols est élevé, ce qui a pour cause d’affecter les terrains adjacents, surtout après de fortes pluies et le ruissellement de l’eau.

C’est la raison pour laquelle les hectares de terre homologuée sont souvent éloignés, afin de se prémunir de ce genre de désagréments.

Sachez cependant que des stratégies pour une transition progressive vers le bio existent. Celles-ci comprennent des techniques de remédiation des sols, la formation des agriculteurs aux méthodes biologiques, et un accompagnement adapté.

Ces mesures aident les exploitants à s’adapter aux nouvelles pratiques tout en minimisant l’impact environnemental, contribuant ainsi à une agriculture plus durable et respectueuse de l’écosystème.

Problèmes de certification et de contrôle

L’un des défis majeurs dans le développement de l’agriculture biologique est l’obtention de certifications et le respect des normes s’y afférentes.

Ce processus, souvent complexe et onéreux, peut s’avérer particulièrement ardu pour ceux qui ne maîtrisent pas les procédures administratives.

Pourtant, ces certifications jouent un rôle crucial en assurant la qualité et la conformité des produits biologiques avec les standards internationaux, garantissant ainsi leur authenticité et leur fiabilité.

Dans de nombreuses régions, notamment en Afrique, où les systèmes de certification et de contrôle sont moins établis, les agriculteurs peuvent se heurter à des obstacles significatifs.

Ces difficultés ne se limitent pas seulement à la complexité des démarches, mais englobent également les coûts associés à la certification.

En conséquence, cela peut décourager de nombreux agriculteurs de s’engager pleinement dans l’agriculture biologique ou de créer des coopératives.

En outre, la mise en place de systèmes de certification locaux adaptés aux réalités africaines pourrait offrir une alternative viable, encourageant ainsi une plus grande adoption des pratiques biologiques et une reconnaissance accrue des produits africains sur le marché mondial.

Cadres réglementaires

Des réglementations claires et adaptées sont nécessaires pour soutenir le développement de l’agriculture biologique.

Toutefois, l’établissement de telles réglementations reste encore compliqué dans certains pays, en particulier là où les infrastructures réglementaires sont moins développées, et où il existe des lacunes en matière de législation environnementale.

Pourtant, ces réglementations sont cruciales non seulement pour garantir la qualité et la sécurité des produits labellisés, mais aussi pour encadrer les pratiques agricoles et assurer une concurrence équitable sur le marché.

Manque de soutien institutionnel

Le développement d’une filière bio dépend fortement du soutien institutionnel, y compris des ONG.

Cela peut prendre la forme de subventions gouvernementales, d’aides de l’Union Africaine, de programmes de formation ciblés, et de recherches pour développer des pratiques adaptées aux conditions de chaque pays.

Lorsque ce soutien fait défaut, la croissance de cette agriculture saine peut être considérablement entravée.

Au passage, sachez qu’une ONG du nom de « The Vetiver Network International » fourni un très gros travail dans la reconnaissance et l’utilisation du vétiver dans l’agriculture notamment à travers son programme « système vétiver« .

Demande faible pour le moment

Tas de racines de khamaré du Mali

La viabilité d’une filière biologique est étroitement liée à la demande des consommateurs, en particulier sur le marché international.

Pour ce qui est des racines de khamaré bio, celles-ci sont encore trop peu connues pour justifier la création d’une filière en Afrique.

D’autant plus qu’en France, la majorité des consommateurs de ce produit sont issus de la diaspora africaine, s’approvisionnant souvent directement, lors de voyage ou par le biais de la famille.

De manière plus générale, dans le secteur des produits naturels africains, l’agriculture biologique est principalement orientée vers l’exportation, tandis que les produits conventionnels sont davantage commercialisés localement.

Cette tendance s’explique par le coût plus élevé des produits biologiques, souvent hors de portée pour la population locale, et par un manque de sensibilisation et d’intérêt pour l’agriculture biologique au sein de ces communautés.

En conséquence, avec une demande relativement faible pour les produits biologiques et des défis d’accès aux canaux de distribution internationaux, les agriculteurs africains peuvent hésiter à s’engager dans la conversion vers l’agriculture biologique.

Concurrence des prix

Autre facteur, souvent déterminant dans le choix entre les produits biologiques et conventionnels : la différence de prix.

Il est largement reconnu que la production biologique, nécessitant des méthodes de culture spécifiques et plus exigeantes, entraîne des coûts supérieurs. En moyenne, ces coûts peuvent être environ 5 à 10 % plus élevés que ceux de l’agriculture conventionnelle, une variation qui dépend fortement du pays et des conditions de production.

Cette augmentation des coûts de production se répercute inévitablement sur les prix de vente au consommateur, qui fluctuent significativement d’année en année.

Ces fluctuations sont influencées par divers facteurs, notamment les conditions climatiques changeantes et la susceptibilité des cultures biologiques aux maladies, qui peuvent entraîner une augmentation des coûts.

Par conséquent, malgré une demande croissante pour des produits plus sains et respectueux de l’environnement, la compétitivité des produits biologiques face à leurs homologues conventionnels, généralement moins coûteux, reste un défi majeur.

Et la situation est encore exacerbée lorsque les produits biologiques sont issus du commerce équitable, impliquant souvent une majoration supplémentaire d’environ 10 % pour soutenir des pratiques commerciales équitables et durables au travers d’une prime, appelée : prime de fond de développement.

Ainsi, bien que les avantages des produits biologiques et équitables pour la santé et l’environnement soient indéniables, ils doivent surmonter des obstacles significatifs en termes de prix pour devenir une option plus accessible et attractive pour un plus grand nombre de consommateurs.

Défis logistiques

Camion de la marque ISUZU qui transporte de la marchandise sur une route en afrique

En plus des pratiques agricoles, l’agriculture biologique exige des systèmes de transport et de distribution spécialisés pour prévenir la contamination croisée avec des produits conventionnels.

Cela implique des solutions logistiques spécifiques, telles que des véhicules dédiés et des entrepôts séparés.

Et comme dans de nombreuses régions du continent, ces infrastructures sont souvent insuffisantes ou inadaptées, l’établissement d’une filière bio devient encore une fois compliqué. Une raison de plus qui explique l’absence de khamaré biologique pour le moment.

Sensibilisation et éducation

Au-delà des aspects logistiques, la sensibilisation et l’éducation jouent un rôle crucial dans le succès de l’agriculture bio.

Il est indispensable que les agriculteurs et les acteurs du secteur agricole soient pleinement informés des avantages de cette forme d’agriculture.

Cela inclut l’accès à des formations sur les techniques de culture biologique, la gestion écologique des nuisibles, et les méthodes de conservation des sols.

Parallèlement, il est tout aussi important de sensibiliser le grand public et les consommateurs aux bienfaits des produits biologiques pour stimuler la demande.

L’absence de ces éléments peut constituer un frein à l’adoption et au soutien de pratiques biologiques, tant au niveau local qu’international.

Khamaré Bio : Soyez vigilant !

Les différents logos officiels des labels biologiques en France

Les principaux logos officiels bio, de gauche à droite : Label AB (Agriculture Biologique), Eurofeuille (aussi connu sous le nom de label bio de l'UE), Nature et Progrès, Bio Cohérence et Demeter.

Il est donc important de faire la distinction entre les produits réellement biologiques et ceux faussement appelés comme tels, en particulier pour les racines de khamaré vétiver.

Après avoir discuté de certains critères d’authenticité, il apparaît clairement qu’une vigilance accrue est nécessaire.

Soyez donc particulièrement méfiant face aux affirmations non vérifiées fréquemment rencontrées sur Internet, où le terme « bio » est parfois utilisé de manière abusive pour qualifier un produit naturel, dans le simple but d’en augmenter artificiellement la valeur.

Cette pratique, est à la fois trompeuse et injuste envers les marques véritablement engagées dans le bio qui investissent dans des certifications officielles. Elle mérite donc votre attention.

Un produit lointain n’est pas automatiquement « bio », même s’il semble l’être, étant donné les critères stricts que nous avons évoqués.

Lorsque vous naviguez sur Internet, prêtez attention à certains détails. Un produit labellisé bio doit présenter un logo de certification reconnu, ainsi qu’un numéro de certification unique et facilement accessible, comme sur l’image ci-dessous.

 

image montrant à quoi ressemble le numéro d'organisme certificateur sur un produit labellisé bio. Ici un flacon de sirop d'agave

En cas de doute, n’hésitez pas à interroger directement le vendeur. En l’absence de ces éléments, soyez prudent.

En résumé, ne vous laissez pas duper par des vendeurs exploitant de manière inappropriée le terme « bio » ou les logos associés à des fins commerciales. Dans l’univers des produits naturels, beaucoup ignorent (ou pas) les cadres légaux.

Votre vigilance est donc essentielle pour garantir la qualité et l’éthique des produits que vous choisissez.

Conclusion : L’éssentiel à retenir sur les racines de khamaré bio

Racines de khamaré vétiver biologiques mises en terre

En conclusion de cet article, nous aimerions rappeler qu’il est essentiel de comprendre que la certification bio n’est pas l’unique critère de qualité lorsqu’on désigne un produit naturel.

Bien qu’un label biologique officiel soit un gage de conformité à certaines normes, des produits comme les racines de khamaré vétiver, même sans certification, peuvent naturellement répondre à des critères élevés de qualité.

Le marché actuel, fortement orienté vers le naturel et le bio, exige de nous, consommateurs, une vigilance accrue. Surtout face à des affirmations comme « khamaré bio« , « racines de vétiver bio » ou encore « gongoli bio« , il est important de rechercher la preuve et l’authenticité derrière ces termes.

Comme souligné dans cet article, la mise en place d’une filière bio en Afrique est confrontée à plusieurs facteurs complexes. Parmi ceux-ci, les défis climatiques, le manque d’infrastructure et les ressources limitées jouent un rôle prépondérant.

Cette situation, est d’autant plus vraie lorsqu’il s’agit de produits spécifiques tels que le khamaré, plante dont les racines possèdent de multiples vertus thérapeutiques, bénéfiques tant pour les femmes que pour les hommes.

C’est aussi pourquoi nous avons rédigé notre article au conditionnel. Car ces facteurs, s’appliquent également à d’autres produits naturels africains, tels que les feuilles de djeka ou les graines de gowé.

Ces produits, tout comme les racines de Khamaré, sont souvent bénéfiques pour la santé mais restent encore peu connus.

Toutefois, cela ne signifie pas que tout espoir est perdu. Et votre rôle en tant que consommateur informé est plus crucial que jamais.

En posant des questions, en vous méfiant des affirmations non vérifiées et en soutenant les entreprises engagées dans des pratiques agricoles durables et transparentes, vous contribuez activement à la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des communautés locales.

Maintenant, si vous vous posez la question à savoir si la culture de khamaré bio existe en dehors du continent africain, la réponse est oui. Il faut pour cela se tourner du côté de l’Inde et de l’Asie, ou le vétiver bio est cultivé. Cependant, cette variété (la Chrysopogon zizanioides) est principalement destinée à la fabrication d’huile essentielle utilisée en aromathérapie.

Nous espérons que cet article a été éclairant et qu’il vous a encouragé à rechercher et à valoriser l’authenticité et l’intégrité dans vos choix de consommation.

Bahy

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